Page:Froissart - Méliador, tome 1.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
Méliador

« Car il faut c’uns preus le conquiere.
« Et pour ce que je li ai dit
2265 « L’afaire de vous et l’abit,
« La proece et la grant vaillance,
« Elle y a pris si grant plaisance
« Que elle escuser aultrement
« Ne se pooit aucunement.
2270 « Si remoustra a son chier pere
« Comment elle avoit en matere
« .I. veu voé depuis .ii. ans,
« Le quel veu li estoit pesans, f. 18 a
« Car pas ne le voloit brisier
2275 « Pour homme c’on sceuist prisier,
« Pour grant avoir, ne pour parage,
« Ne pour tenir grant hyretage ;
« Mais uns preus chevaliers l’aroit
« Qui, dedens .v. ans, telz seroit
2280 « Que des aultres passeroit route.
« Li preus serés, il n’est pas doubte,
« Ma cousine l’entent ensi
« Et jou otant bien, et vous di
« Que ceste honnourable ordenance
2285 « Se fera par grant pourveance,
« Tele que recorder orés.
« Dou jour garde ne vous donrés,
« Mais encor, quant je me parti,
« Mon oncle et son conseil ossi
2290 « N’avoient pas conclut dou tout
« L’estat qui avancera moult
« De chevaliers en grant proece ;
« Siques, Camel, je vous adrece
« Que vous pourveés armeüres
2295 « Qui soient a l’esprueve dures,
« Et bons chevaus pour sus combatre.
« A tout ce vous faurra esbatre
« S’avoir vous volés ma cousine.