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Méliador

Et chiet en la prée, la jus.
Or fu Graciiens irascus,
Quant manoiier se vit ensi.
Le cheval point et sur celi
5980 S’en vient l’espée toute trette.
.I. cop en traversant li jette
Qui Camel forment estonna,
Et a ce que se retourna,
Camelz Graciien consieui ;
5985 Sus le hÿaume le feri
Si grant cop et de tele taille,
Que l’acier et la coiffe taille,
Et la tieste jusques au tiès.
Et apriès le sieut de si pr[i]ès,
5990 Qu’il l’embrace et a soi le tire
Si roit que les las li descire,
Dont li escus estoit bouclés.
En tordant le prent sus son lés,
Briefment il le met jus a terre.
5995 A ceste heure sceut plus de guerre
Camelz ne fesist Gratiiens.
La vint Florée com moiiens
Pour yaus partir de la bataille,
Et dist hault a Camel, sans faille :
6000 « Camel, Camel, je vous requier
« Que me donnés ce chevalier. »
— « Damoiselle », ce dist Camelz,
« Je ne sçais mies s’il est tels
« Qu’il se voelle encores combatre.
6005 « Laissiés l’encor a moi esbatre [1]
« .I. peu, ou vous lui demandés, f. 44 c
« Et son hÿaume li ostés,
« Qu’il voet faire, et s’a moi se rent. »
Florée adont Graciien prent

  1. 6005 laissiés l’encor, B laissiéle encor.