Page:Froissart - Méliador, tome 1.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
Méliador

« Entre ces chevaliers errans.
« Ce me seroit virgongne grans
« Se je sejournoie a l’ostel,
« Et se seuisse la .i. tel
6190 « Tournoiement et je n’i fuisse ;
« Ne sçai pas comment je m’en puisse
« Escuser par nulle maniere.
« Si vous suppli, ma dame chiere,
« Que par vo gré voise au tournoi,
6195 « Et je vous creanc, par ma foi,
« Que g’i serai bons chevaliers,
« Et telz que assallans premiers
« Et demorans des daarrains,
« Et conquerrai le pris dou mains
6200 « Ou je demorrai sus le place.
« Et, afin que vos gens corps sace
« Que je sui gais et amoureus
« Pour vostre amour, coer gratieus,
« Et que tous jours, quoi qu’il m’aviegne,
6205 « Heure n’est qu’il ne me souviegne
« De vous par pensée jolie,
« Qui me donne esperance lie,
« J’ai fait selonch mon sentement
« Une balade vraiement.
6210 « Si le lirés, je vous en prie ; f. 46 a
« Car vous, a qui dou tout m’otri,
« En estes voir cause et matere,
« Et saciés que je persevere
« En telz oevres de grant valoir,
6215 « En espoir que de miex valoir.
« Ce scet li diex d’Amours, qui ait
« En garde vo gent corps parfait,
« Ma tres droite et tres chiere dame.
« Escript droit a Camois, par m’ame,
6220 « Dou mois d’avril l’onsime jour,
« Pensans tout dis a vostre amour. »