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Méliador

« Et elle a mandé, c’est tout cler,
8160 « Si com ceste pucelle dist
« Qui en riens ne s’en contredist,
« A ce chevalier qu’elle nomme
« Et que de proece renomme,
« Que biel se maintiengne et se porte,
8165 « Et qu’en bon espoir se conforte ;
« Qu’il pora bien tant travillier
« Que on le vodra recueillier.
« Haro ! se j’en avoie otant,
« J’en seroie tout mon vivant
8170 « Plus gais, plus jolis, et plus frisces
« Et de tous nobles meurs plus riches.
« Ha ! Lansonnet, pour quoi dors tu ?
« Pour quoi, compains, ne me viens tu
« Reconforter a ce besoing ?
8175 « Certes, amis, en trop grant soing f. 60 c
« Sui entrés puis que m’endormi.
« Jalousie est entrée en mi
« Et si ne sçai mies par u,
« Fors seulement par mon argu.
8180 « A tout le mains se le savoies,
« Tu as bien tant alé de voies
« Que tu m’i trouveroies bien
« De confort aucun grant moiien. »



En cel estat, sans nul confort,
8185 Pense Melyador si fort,
Que la pucelle belle et bonne
S’en perchoit. Adont l’araisonne
Doucement et dist : « Sire chiers,
« Vous estes, je croi, chevaliers
8190 « Preus, hardis et entreprendans,
« Et qui avés ja, par .ii. ans,
« Eü des aventures grandes.