Page:Froissart - Méliador, tome 1.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
lviii
Introduction

À première vue, ce vocable paraît apparenté à d’autres noms en usage chez les hommes de race bretonne, tels que Melldeyrn[1], Meleuc, Melguen, Meli, Meliau[2], Melor[3], Melweten[4], ou figurant dans les romans arthuriens, comme Méléagan et Méliadus. Mais il se rattache plutôt au nom bien connu Meriadoc, en bas breton Meriadec. Si l’on considère, en effet, qu’un roman du moyen âge composé en Angleterre ou au pays de Galles raconte les exploits d’un prince appelé Meriadoc qui finit par ceindre la couronne royale à Snowdon[5], on sera assez porté à voir en lui le prototype du Méliador de Froissart, qui, par son mariage avec la fille du roi d’Écosse, régna dans cette même ville[6]. De même que la plupart des romanciers du moyen

  1. J. Loth, Chrestomathie bretonne, p. 46, où ce nom gallois est mentionné d’après M. Rhys.
  2. Les quatres noms qui précèdent figurent dans la Chrestomathie bretonne, de M. J. Loth (voir le vocabulaire index de cet ouvrage, à la page 413, colonne i).
  3. Melor est le nom d’un saint breton que l’église honore le 1er octobre.
  4. Cartulaire de l’abbaye de Redon en Bretagne, p. 208.
  5. Voir, sur ce roman déjà cité plus haut, p. liv, l’ouvrage de Ward, Catalogue of romances, t. I, p. 375. À la vérité, M. Ward dit seulement que Caradoc, roi de Galles, abdiqua la royauté en faveur de ses deux fils, les plaçant à cette occasion sous la tutelle de son frère, mais il semble évident que celui des jeunes princes qui est le héros du roman, c’est-à-dire Meriadoc, triompha de ses ennemis et recouvra le trône paternel.
  6. Froissart, qui ne connaissait probablement pas le roman latin de Meriadocus, a prêté à son Méliador des aventures tout à fait différentes.