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Introduction

frante et l’on pouvait prévoir sa fin prochaine. Elle mourut en effet le 15 août 1369, Froissart, privé de la protectrice de sa première jeunesse, se rendit alors auprès de la duchesse de Brabant et lui offrit un livre écrit en français, un poème sans doute, — serait-ce la première rédaction de Meliador ? — qui, à la date du 29 août de cette même année, lui valut un don de vingt moutons d’or[1].

On prétend que le poème de la Prison amoureuse composé par Froissart en 1371 est une allégorie à la captivité de Wenceslas que le duc de Gueldre avait vaincu et fait prisonnier, le 22 août de cette année, à la bataille de Bastweiler[2] ; mais, malgré tout le respect que nous inspirent les travaux de Kervyn de Lettenhove et de Scheler, les allusions signalées sont trop incertaines pour que nous partagions la conviction de ces savants hommes. Rien même ne prouve que la date si précise de la guerre déclarée à Orgueil, le printemps de 1371, réponde à celle de l’entrée en campagne contre le duc de Juliers. Au reste, Scheler ne va pas aussi loin que Kervyn, et il se

  1. « Domine ducisse quos ulterius dederat uni Frissardo, dictatori, de uno novo libro gallico, sibi liberato circa Decollationem beati Johannis Baptiste, xvi francos valentes xx mutones » (Pinchart, La cour de Jeanne et de Wenceslas dans la Revue trimestrielle, t. XIII, p. 59, note 73). Cf. Kervyn, Froissart, t. Ier, p. 90, note ; le même, Étude sur la vie de Froissart, p. 179, note, où se trouve indiquée la vraie date de cette gratification, antérieurement fixée à juin 1370.
  2. Kervyn de Lettenhove, Froissart, t. Ier, p. 97 t. II, p. 269–271 ; le même, Étude sur la vie de Froissart, p. 264–265.