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Méliador

Li consente tout ce a faire.
Phenonée, sus cest affaire,
S’en est a son pere venue
13490 Et moult doucement le salue,
Et li dus Patris, qui bien l’aime
Et qui belle fille le claime,
Voit tantost qu’elle voet priier.
Se li a dit, sans detriier :
13495 « Que vous plaist il, ma belle fille ? »
— « Certes, monsigneur, je sui cille
« Qui vous prie, de tres bon coer,
« Que je puisse, ensi que la soer
« De Melyador mon chier frere,
13500 « Poursieuir de tant sa matere
« Que de sa devise porter ;
« En ce me vodrai deporter. » f. 99 d
Adont respont li dus Patris,
Qui en joie a ce parler pris :
13505 « Ma fille, et quele devise esce ?
« Encor ne le cognois point je ;
« Si le saroie volentiers. »
Dist Phenonée : « Sire chiers,
« Cilz chevaliers armés de rouge,
13510 « Qui n’a mies fait le harouge
« Au tournoy, mais moult le vaillant,
« Le porte, selonch mon samblant.
« Nulz ne m’en diroit le contraire.
« Point ne l’ay veü ou viaire,
13515 « Mais il est de la propre taille
« Melyador de Cornuaille,
« Dou grant, dou fait et de l’emprise.
« Certes, monsigneur, je le prise
« Ensi c’on doit prisier son frere,
13520 « Et pour tel je le considere
« Et c’est ce qui le coer m’entame,
« Car il porte une blanche dame