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Méliador

« Plus n’i eut fait de ce debat.
18540 « Tantost nous fumes eslongié.
« Ce propre jour, par vo congié,
« Dame, mes que le puisse dire,
« Chevaucoie sans avoir ire,
« Parmi .i. bois sus une lande
18545 « Ou pays de Norchombrelande,
« Et ensi c’arrestés estoie
« Moult priès d’une fourcie voie,
« Et que je pensoie au chemin,
« Moult bien montés sus .i. roncin
18550 « Vint uns varlès d’encoste mi,
« Ne pour ennemi ne ami,
« Ne sçai le quel me fu en l’eure.
« Mais tantost me vint courir seure
« Ses mestres, uns frans chevaliers,
18555 « Et me dist ensi de premiers :
« Compains, qui vous fait ma devise
« Porter ? Il faut, quant je m’avise,
« Que vous m’en moustrés la raison,
« Ou a l’espée et au baston
18560 « Le calengerai maintenant. » f. 137 a
« Et je respondi en riant :
« Certes, sire, je jousteroie
« A vous, s’une lance j’avoie ;
« Et croi bien, que pour ce que vous
18565 « Veés que j’en sui a rebous,
« Me quoitiés vous de tel façon. »
« Lors s’arresta sus son blason
« Li chevaliers qui m’eut oÿ
« Et si jetta sa lance en mi
18570 « L’erbier, et dist que droit avoie.
« Si m’assaia d’une aultre voie
« Et tant que le voir li comptai ;
« Et, quant il m’ot oÿ, bien sçai
« Que il m’entendi volentiers.