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Méliador

« Damoiselle, je regrasci
25865 « Le dieu d’Amours tres grandement,
« Quant il m’a donné sentement
« De penser a vous, qui si belle
« Estes et si gente pucelle
« C’en ne trouveroit la parelle.
25870 « Mais une cose m’esmerveille :
« Se j’en arai ja nul confort.
« A vous je pense si tres fort
« Que je ne puis la nuit dormir.
« Si me voelliés, pour Dieu oïr
25875 « Et me tenés pour vo servant,
« Et loyaument je vous creant
« Que vostres chevaliers serai
« Et grandement mieulz en vaurray.
« Car je sui encores a faire
25880 « Et pooir avés dou parfaire ;
« Il en est a vostre ordenance. »
A ces mos, Sebille se lance
Hors des parlers de Saigremor
Et voit damoiselles au cor
25885 De la cambre ; droit la s’en vient
Et moult cremeteuse se tient
De ce que Saigremor a dit,
Car elle encores .i. petit
Avoit sus cel estat pensé
25890 Quant Saigremor l’a avisé. f. 191 a
Ensi partir ne scet qu’il face.
Honteus fu ; si part de la place
Et dist en soy : « Ce poise moy
« Que huy m’avançai, par ma foy,
25895 « De parler d’amours a Sebille.
« Haro, comme elle est douce fille.
« Muée l’ay a mon samblant.
« Tous li cuers m’en va or tramblant,
« Quant me souvient de la maniere