Qui se couvri apertement
Contre le cop dont grandement
Agamanor la le servi,
Car telement le consieui
Qu’il li jetta .i. grant quartier
De la targe desus l’erbier.
Agamanor si bien ordonne
L’espée, qui estoit moult bonne,
Qu’en l’espaule li est entrée ;
Ançois qu’elle fust arrestée,
Bien une paume entra dedens.
Li rouges chevaliers, par sens,
Le retraiy, car aultrement
Rompue l’euist vraiement,
Car en l’os estoit encousue
Sus sa gonnelle bien tissue.
Fu Abÿace tous moulliés
De sanc et grandement soulliés ;
Or eut ce brach si endormi
Que, pour ami ne anemi,
Maishui ne se combatera,
Ne ossi ne s’ahatira
De son compagnon revengier.
Les dames voient en danger
Ce Morphonet et Abÿace,
Et qu’il sont tout quoi sus le place.
Voirs est que Morphonès s’avance, f. 163 d
Quant il a veü l’ordenance
D’Abÿace qui est navrés.
Au chevalier a dit : « Souffrés,
« Tant que je raie mon espée,
« Ou ceste me soit acordée
« Qu’Abÿace tient, mes compains. »
Agamanor, qui toutdis plains
Fu d’onneur et de gentillece,
Respondi : « Amis, la quele esce
Page:Froissart - Méliador, tome 3.djvu/16
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
Méliador