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Méliador

A Luciienne, et dist : « Cousine,
22235 « Avis m’est que je voi .i. signe.
« Dessus l’un de vos chevaliers
« Est moult navrés, car ses destriers
« Rougie de sanc devers nous.
« Ma cousine, qu’en dittes vous ?
22240 « Il me samble certainnement
« Que cilz chevaliers vaillanment
« Se soit hui portés en bataille.
« S’est raisons que ses biens li vaille ;
« Car s’il ne fust bons chevaliers,
22245 « Hardis, aventureus et fiers,
« Plus c’uns aultres, bien l’entendés,
« Jamais ne se fust acordés
« A combatre ensi a yaus .ii.,
« Mais, comme tres chevalereus
22250 « Si est vaillanment combatus
« Et est a son jour revenus,
« Dont bon gré l’en devons savoir.
« Ma cousine, j’ai bien espoir
« Que la journée sera sienne. »
22255 — « Je m’en doubte, » dist Luciienne,
« Et nullement je ne vodroie,
« Ne veoir ossi ne poroie.
« Trop me venroit a desplaisance
« S’il le mestournoit a outrance. »


22260
Adont les .ii. dames d’acort f. 164 b
Envoiierent, par bon recort,
Faire dire au dit chevalier
Rouge armé et segnefiier
Que il venist parler a elles.
22265 La alerent .ii. damoiselles
Qui s’en vinrent dessus le place,
En passant devant Abÿace.