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Page:Froissart - Méliador, tome 3.djvu/277

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272
Appendice

Que desous le cop le confont.
Jus l’abat forment estouné,
100 Et adonques a demandé
Saigremor a son chevalier :
« Or me dites sans detriier,
« En ai je assés fait ? soufist il ?
« Vous ay je osté de ce péril ?
105 « Alés vostre amie requerre,
« Car chil qui la gisent a tiere
« Ne la vous venront plus tolir. »
Pesagus, qui a grant desir
Que il puist s’amie ravoir,
110 Li dist : « Sire, vous dites voir,
« Vous m’avés fait un grant serviche. »
Adont se trait deviers la friche
S’amie, qui fu sous un arbre,
Qui le cuer avoit tout esmarbre ;
115 Si dist : « Bielle, c’or venés ent.
« Délivrée estes vraiement
« De ces chevaliers orguilleus.
« Moult est hardis, vaillans et preus,
« Quant a deus cos les a matés.
120 « Li uns est mors, li autre tels
« Qu’il ne s’aidera mais des mois. »
La damoiselle a celle fois
De son ami fu resjoïe.
Adonques forment regrasie
125 Saigremor, che fu bien raison,
Et li prie qu’e[n] sa maison,
C’on apielle le Haut Manoir,
Il s’en voelle aler la ce soir.