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Page:Froissart - Méliador, tome 3.djvu/371

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RÉPONSE

On ne trouve là aucune mention de Meliador, et M. Kittredge de triompher. Il reste bien cependant une petite difficulté, car le premier des poèmes rappelés ici par leur auteur, le Paradis d’amour, contient une allusion manifeste à notre roman. Mais ici j’admire la prestesse avec laquelle M. Kittredge écarte ce fâcheux témoignage. Le Paradis d’amour nous est parvenu en deux manuscrits, datant l’un de 1193, l’autre de 1394, et, tenant compte du penchant bien connu de Froissart pour la révision de ses œuvres, mon adversaire décide qu’il faut voir une interpolation de Froissart même dans les vers :


Et cils a ce bel soleil d’or,
On l’appelle Meliador,
Tangis et Camels de Camois
Sont la ensus dedens ce bois,


où l’auteur de Meliador mentionne trois des principaux personnages de son roman[1].

  1. Il est bien évident, comme l’observe M. Kittredge (p. 332), que les quatre vers en question sont parfaitement indépendants du contexte et qu’on pourrait les supprimer sans nuire aucunement à la rime ou à la raison ; ils ont même l’inconvénient de couper en deux une énumération des principaux parmi les chevaliers de la Table Ronde. Je ne serais donc pas fort éloigné de supposer qu’il y a là quelque altération du texte, et que ces quatre vers se trouvaient placés deux lignes plus loin. Le passage du Paradis d’amour, que j’ai cité au tome Ier de Méliador, p. L–LI, ne prêterait à aucune critique si, par le déplacement des quatre vers en question, on le disposait ainsi :

    981 Il y sont Tristrams et Yseus,
    Drumas et Percevaus li preus,
    Guirons, et Los, et Galehaus,
    984 Mordrès, Melyadus, Erbaus,
    989 Agravains, et Bruns, et Yewains
    990 Et le bon chevalier Gauwains ;
    985 Et cils a ce bel soleil d’or,
    986 On l’appelle Melyador,