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RÉPONSE


et de laquelle on semble avoir récemment découvert quelques menus fragments[1].

Je pourrais m’en tenir là. Je crois cependant qu’il n’est pas sans intérêt de signaler la théorie de M. Kittredge au sujet des deux versions de Meliador, car le critique anglais admet parfaitement, et c’est à peu près tout ce qu’il me concède, qu’il y a eu deux rédactions différentes de ce roman. La première de ces rédactions, exécutée à l’intention de Wenceslas, et qu’il appelle pour ce motif « la version du duc », serait aujourd’hui représentée par les 514 vers publiés en 1891 d’après le ms. A ; c’est elle que Froissart aurait lue en 1388 à la cour de Gaston Phébus. B, c’est-à-dire le ms. français 12557 de la Bibliothèque nationale, nous conserverait par contre le remaniement, postérieur à 1388. Pourquoi postérieur à 1388 ? Simplement parce que Froissart apprit à la cour de Gaston Phébus que le frère naturel de ce prince, Pierre de Béarn, était sujet à des

    Phelippe de Haynault, roÿne d’Angleterre, qui doulcement et lieement le receut de moy et me fist grant proffit » (Chroniques de J. Froissart, édit. Luce, t. I, p. 210 ; cf. édit. Kervyn de Lettenhove, t. II, p. 5).

  1. Ces fragments, consistant en deux bandes de parchemin trouvées dans une reliure, ne renferment que trente-six vers octosyllabiques et se rapportent au récit des événements de l’an 1357. M. L. Delisle vient de les publier sous ce titre : Fragment d’un poème historique du xive siècle au tome LX de la Bibliothèque de l’École des Chartes (p. 611–616), en signalant « l’exactitude du récit et tout particulièrement le parfait accord qui règne entre le poème et la Chronique de Froissart ». J’ajouterais que la langue de ces vers est exactement la langue de Meliador et que, selon toute apparence, c’est un manuscrit de la même chronique rimée que mentionne en ces termes un inventaire de la librairie du roi Charles V : « La guerre du roy de France et du roy d’Angleterre, et les faiz du roy de Navarre et de ceulz de Paris quant ilz furent contre le roy… escript en françoys, de lettre formée, et rymé, a deux colombes. » (Cité par M. Delisle, loco citato, p. 615.)