épouse ; et dans celui où il rapporte les plaisanteries que ce prince fit au duc de Berry son oncle, qui, dans un âge peu propre à l’amour, prenait une femme jeune et aimable. Le goût de l’auteur s’aperçoit aisément dans la façon dont il traite ces matières ; mais comme son siècle savait tout concilier, ce goût n’exclut pas le fond de dévotion qui règne dans le cours de son ouvrage. Il serait seulement à souhaiter qu’il n’eût pas dégradé sa religion par une crédulité ridiculement superstitieuse : les faux miracles, les prophéties, les enchantements n’ont rien de si absurde qui ne trouve chez lui une croyance aveugle et sans bornes. Tout le monde connaît le conte qu’il fait du Démon Gorgon. On ne comprend guères comment il peut accorder avec le christianisme, l’exemple qu’il tire de la fable d’Actéon, pour justifier la vraisemblance d’une aventure de même espèce qui fait partie de ce conte. On lui a de plus reproché d’avoir déshonoré l’histoire, en y mêlant trop de minuties. Je conviens qu’on l’aurait bien dispensé de nous apprendre à quelle enseigne logeaient ceux dont il parle, et de nous indiquer les hôtelleries où lui-même avait quelquefois logé. Mais je ne passerai pas également condamnation sur les aventures amoureuses, les festins, les cérémonies dont il nous a laissé des descriptions : quand les récits n’en seraient pas
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