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DE JEAN FROISSART.


En prendent la plus grans puignies.
Argens est de pluisours lignies ;
Car lors qu’il est issus de terre
Dire poet : « Je m’en vais conquerre
55 » Pays, chasteaus, terre et offisces. »
Argent fait avoir bénéfisces,
Et fait des drois venir les tors,
Et des tors les drois au retors.
Il n’est chose qu’argens ne face,
60 Et ne desface, et ne reface.
Argent est un droit enchanteur,
Un lierres et un bareteur ;
Tout met à point et tout toveille.
Il dort un temps, puis se resveille.
65 Se gros tournois leur cours avoient
Et les changéours y sçavoient
Gaagnier, quoique peu de cours
Aïent ores, dedens briefs jours
Vous en veriés sus establies
70 Aux changes, pour connestablies,
Et pour porter fondre au billon.
Souvent de moi s’esmervillon
Comment sitos je m’en délivre ;
J’ai plus tos espars une livre
75 Qu’uns aultres n’auroit vingt deniers ;
Si n’en mac-je bleds en greniers
Avainnes, pois, fèves ne orges ;
Je n’en fais moustiers ne orloges,
Dromons, ne naves, ne galées,
80 Manoirs, ne chambres, ne alées,