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POÉSIES

Par la vertu dou pois que le plonc donne ;
Dont, selonc ce, elle dou tout s’ordonne ;
Le plonc le tire, et elle à li s’avance.
Et pour ce qu’elle iroit sans ordenance,
Et trop hastie-ement, et sans mesure,
S’elle n’avoit qui de sa desmesure
Le destournast et le ramesurast,
Et de son droit rieule le droiturast ;
Pour ce y fu, par droit art ordonnée,
Une roe seconde et adjoustée,
Qui le retarde, et qui le fait mouvoir
Par ordenance et par mesure voir,
Par la vertu dou foliot aussi,
Qui continu-elment le moet ensi,
Une heure à destre et puis l’autre à senestre.
Ne il ne doit ne poet à repos estre ;
Car par li est ceste roe gardée
Et par vraïe mesure retardée.

Selonc l’estat de l’amoureuse vie,
Ceste roe seconde segnefie
Très proprement Attemprance, et par droit.
Car s’Attemprance en cesti fait n’ouvroit,
Desirs, qui est tous enflammés d’ardure,
S’esmoureroit sans rieule et sans mesure,
Et sans manière, impetueusement,
Et sans avis, moult furieusement ;
Ne il n’auroit chose qui li fust belle.
Et pour ce voelt bonne amour et loyelle
Que cils desirs soit à point refrenés
Par Attemprance, et si bien ordenés.