Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
DE JEAN FROISSART.

La bonne amour dont de moi amée estes.
Soit en requoi, en chambre et en festes,
Riens ne me poet plaire ne resjoir
Se ne vous puis ou véoir ou oyr.
Or ne poet-il pas tout dis ensi estre
Que je vous oie ou voie à la fenestre,
Ne hors, ne ens esbatre alant vo corps.
Dont c’est bien drois, dame, que je recors
Comment je sui demenés ou termine
Que dou souffrir Amours me determine,
Se ce n’estoit pour vostre paix garder ;
Dont il me fault à ce bien regarder.
À un anoi que j’ai, cent en auroie ;
Ne je ne sçai comment porter poroie
Les grans assaus qu’il me convient souffrir ;
Car Doulc-Penser se vient souvent offrir
À moi, qui, nuit et jour, me represente
Les biens de vous ; c’est drois que je les sente.
Et Desirs voelt, à quele fin qu’en isse,
Que de parler à vous je m’enhardisse.
Et se je n’ai tamps ne lieu ne espasse,
Si voelt Desirs que devant vous je passe ;
Et me semble que, se m’aviés véu
Que tout mi mal seroïent cognéu.
En ce fresel et en celle rihote
Fai maint souspir, maint plaint et maint note
Qui ne sont pas de sons melodieus,
Mes attemprès de chans maladieus ;
Car quoi qu’à ce se regarde attemprance,
Par le conseil de bonne Pourvéance,