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POÉSIES

Là estoie mis à raison
Et batus souvent ; mès sans doubte
On y perdoit sa painne toutes,
Car pour ce jà mains n’en féisse.
Mès que mes compagnons véisse
Passer par devant moi la voie
Escusance tos je l’avoie
Pour aler ent esbatre o euls.
Trop enuis me trouvoie seuls ;
Et qui me vosist retenir
Se ne me pevist-on tenir ;
Car lors estoit tels mes voloirs
Que plaisance m’estoit pooirs.
Mès il m’est avenu souvent,
Ce vous ai-je bien en couvent,
Selonc ce qu’encor il me samble,
Que voloirs et pooirs ensemble,
Quoique di que tant me valoient,
À mon pourpos souvent falloient.
Mès je passoie à si grant joie
Celi temps, se Diex me resjoie !
Que tout me venoit à plaisir,
Et le parler, et le taisir,
Li alers, et li estre quois ;
J’avoie le temps à mon quois.
D’un chapelet de violettes,
Pour donner à ces basselettes,
Faisoie à ce dont plus grand compte
Que maintenant dou don d’un conte
Qui me vaudroit vint mars d’argent,