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DE JEAN FROISSART.

l’amour était le motif des plus grandes actions de courage et de vertu. Les chevaliers en faisaient parade dans les tournois. Les guerriers s’exposaient aux combats les plus périlleux pour soutenir la beauté et l’honneur de leurs dames. On croyait alors que l’amour pouvait se borner à un commerce délicat de galanterie et de tendresse. C’est presque sous cette forme que nous le voyons représenté dans la plupart des ouvrages d’esprit qui nous restent de ce temps : les dames ne rougissaient pas de connaître une passion si épurée, et les plus sages en faisaient le sujet ordinaire de leurs conversations… La reine d’Angleterre prenait souvent plaisir à faire composer par Froissart des poésies amoureuses ; mais cette occupation ne devait être regardée que comme un délassement, qui ne ralentissait aucunement des travaux plus sérieux, puisqu’il fit, aux frais de cette princesse, pendant les cinq années qu’il passa à son service, plusieurs voyages, dont l’objet paraît avoir été de rechercher tout ce qui devait servir à enrichir son histoire. J’ai tiré ces dernières circonstances d’une préface[1] qui se lit

  1. Cette préface était indiquée dans la table des chapitres du 4.e volume de l’un des abrégés mss., sur lesquels Sauvage a corrigé son édition, mais elle n’y était pas rapportée. Voyez la première annot. de Sauvage sur le 4.e vol. On la trouve en partie au commencement du chap. 54, p. 168 du 4.e liv. de la même édition, mais elle y