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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/316

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POÉSIES

Elle mon salu me rendi
Moult bel, noient n’i attendi,
Liement et en sousriant ;
Et je, qui fui merci criant,
À loer moult grandement pris
Le gardin et tout le pourpris,
Et aussi la belle journée
Qui nous estoit là ajournée,
Et li di : « Ma dame, je croi
» Que Diex a mis ou temps arroi
» Pour ce que vrai amourous sons. »
Et celle, dont douls est li sons,
Respondi : « Avec bonne amour
» Fault que loyauté ait demour,
» Ou aultrement amour sans faille
» Ne poet venir à riens qui vaille. »
— « Ensi le voeil-je, dame, entendre ;
» Et se plus hault puis ores tendre
» Que de valoir dignes ne soie
» S’ai-je coer, se dire l’osoïe,
» Que pour vous loyalment servir
» Et mon petit corps asservir
» Dou tout à la vostre ordenance. »
Ma dame adont un peu s’avance.
S’a coeillie jusqu’à cinc flourettes ;
Je croi ce furent violettes ;
Trois m’en donna et je les pris.
Et adont ma dame de pris
S’en vint séoir dessous un ombre
D’un noisier où vert fist et sombre.