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VIE

son mari, et même de celui de Jean, roi de France. Comme il se trouve encore plusieurs princes et seigneurs de l’hostel[1] desquels il dit avoir été, ou qu’il appelle ses seigneurs et ses maîtres, il est bon d’observer, que par ces façons de parler, il ne désigne pas seulement les princes et seigneurs à qui il avait été attaché comme domestique, mais encore tous ceux qui lui avaient fait des présents ou des gratifications, ou qui l’ayant reçu dans leurs cours, ou dans leurs châteaux, lui avaient donné ce qu’on appelle bouche-à-cour.

Froissart ayant perdu la reine Philippe sa bienfaitrice, au lieu de retourner en Angleterre, alla dans son pays[2], où il fut pourvu de la cure[3] de Lestines[4]. De tout ce qu’il fit dans l’exercice

  1. Parlant du seigneur de Coucy, il dit, un de mes seigneurs et maistres, et du comte Beraud Dauphin d’Auvergne, un mien seigneur et maistre ; Chron. liv. 4, Chap. I. On verra plus bas qu’il fut de l’hostel du comte de Foix.
  2. Froissart, à son retour d’Italie, ne suivit pas la même route qu’il avait prise en y allant. Pour voir de nouveaux pays, il était revenu par l’Allemagne, comme il le fait entendre dans son Dict dou Florin. Le sujet de cette pièce est un entretien que le poëte feint d’avoir eu avec le seul florin qui lui restait de beaucoup d’autres qu’il avait dépensés, ou qui lui avaient été volés, et ce florin lui reproche de l’avoir bien promené, car il avait appris avec lui le français et le thiois, c’est-à-dire l’allemand.
  3. Robert de Genève transféré depuis peu de l’évêché de Terouenne à celui de Cambray dont Lestines dépendait, avait pu donner cette cure à Froissart, en considération du comte de Savoie, son père.
  4. Lestines, autrefois un palais des rois de France, connu sous