Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
329
DE JEAN FROISSART.

Mès tout seul, pour oster l’escandle
Dont je voeil ores qu’on m’escandle
Me mesfis, dont moult me repens ;
Car j’ai repris à mes despens
Ce de quoi je me hontioie ;
Dont grandement m’abestioie,
Car mieuls vault science qu’argens.
Point ne le semble aux pluisours gens
Qui ne scevent que bienfais monte.
Ançois me comptoïent pour honte
Ce qui m’a fait et envay
Et dont je vail. Ahy ! ahy !
Et comment le pooie faire ?
Or me cuidai trop bien parfaire
Pour prendre aillours ma calandise.
Si me mis en la marchandise
Où je sui ossi bien de taille
Que d’entrer ens une bataille
Où je me trouveroie en-vis.
Quant je m’avise et je devis
Comment oultrages et folie
Me misent en melancolie
Que dou don de nature perdre,
Pensées me viennent aherdre
Qui me font sainnier à merveilles,
Et dient : « Amis, or t’esveilles
» Et remonstre ce que tu scés.
» Il ne te doit pas estre scés
» De tes besongnes amplyer.
» Et pour toi mieuls exemplyer