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DE JEAN FROISSART.

» Car il m’ont fait pluisours anois
» Et mainte proyere escondit
» Refus, dangier et escondit.
» Diex les mace en male sepmainne !
» Je ne sçai pourquoi on les mainne
» En nul lieu où on se déporte.
» Il n’en y a nul qui ne porte
» Grant felonnie en son corage ;
» Je les crienc trop plus que l’orage
» Car il sont fel et despitous,
» Et aux bonnes gens peu pitous.
» Il me font la cher hirechier.
» Je n’oserai jà approcier
» Ma dame, tant que droit là soient,
» Car je sçai moult bien, s’il osoient,
» Il me vendroient sus courir.
» Me vedriés-vous point secourir,
» Compains, se ces trois m’acoeilloient
» Et au trencier me recoeilloient ? »
Et Jonece prent lors à rire
Et dist : « Amis, laissiés les dire.
» Je sçai bien qu’il sont moult estous ;
» Mès il se fault passer de tous.
» On ne poet mies cascun batre.
» Trop se faudroit le jour debatre
» Qui vodroit à cascun respondre.
» Alés vous mucier et repondre,
» Lors que vous les vés par maison.
» Encor y a aultre raison,
» Beus compains, foi que je doi m’ame !