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DE JEAN FROISSART.

Grandement m’en remercia.
Je reçus son bon gré tous liés ;
Et si fui moult tost consilliés
De regarder se ou rommanc
Est la balade que demanc.
Mès tout ensi, ne plus ne mains,
Que je li oc mis à mes mains
Le trouvai, sans avoir eschange.
« Ha ! di-je, veci chose estrange !
» La balade a laissié la belle
» Ou lieu où le mis au mains ; s’elle
» L’euist un petit regardée
» Moult fust bien la besongne alée.
» Se tenu l’euist, ne poet estre
» Que retourné n’euist la lettre.
» Or il me convient ce souffrir,
» Et mon coer à martire offrir,
» Tant est belle plaisans et douce
» De corps, de mains, d’yeuls et de bouche,
» Que mieuls m’en vault la pénitence
» Que de nulle aultre l’acointance. »
D’amours ce premerain assai
En très grant pensement passai.
Mès jonece voir me portoit,
Et amours aussi m’enortoit
Que je perseverasse avant.
Souvent me mettoie au devant
De elle ; car quant le véoie
Tout le jour plus lies m’en trouvoie.
Or avint q’un après-disner