Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/117

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qui sans contredit se manifestaient sur mon visage, dans mon air, dans toute ma personne.

« Qu’avez-vous, mon cher enfant ? me dit Mme Ceyssac en m’apercevant.

— J’ai marché très-vite, » lui dis-je avec égarement.

Elle m’examina de nouveau, et, par un geste de mère inquiète, elle m’attira sous le feu de ses yeux clairs et profonds. J’en fus horriblement troublé ; je ne pus supporter ni la douceur de leur examen, ni la pénétration de leur tendresse ; je ne sais quelle confusion me saisit tout à coup, qui me rendit la vague interrogation de ce regard insupportable.

« Laissez-moi, je vous prie, ma chère tante », lui dis-je.

Et je montai précipitamment à ma chambre.

Je la trouvai tout illuminée par les rayons obliques du soleil couchant, et je fus comme ébloui par le rayonnement de cette lumière chaude et vermeille qui l’envahissait comme un flot de vie. Pourtant je me sentis plus calme en m’y voyant seul, et me mis à la fenêtre, attendant l’heure salutaire où ce torrent de clarté allait s’éteindre. Peu à peu la face des hauts clochers rougit, les bruits devinrent plus distincts dans l’air un peu plus humide,