Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/131

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j’avais au cœur des battements si convulsifs, si précipités, si distincts, que j’appuyais les deux mains sur ma poitrine pour en étouffer autant que possible les palpitations incommodes.

Tout à coup j’entendis dans les corridors le pas rapide et sec d’Olivier. Je n’eus que le temps de me glisser jusqu’à la porte ; il arrivait.

« Je t’attendais », me dit-il assez simplement pour me persuader, ou qu’il ne m’avait pas vu sortir de la chambre de Madeleine, ou qu’il n’y trouvait rien à redire.

Il était fort élégamment mis, en tenue légère, avec une cravate un peu lâche et des habits larges, tels qu’il aimait à les porter, surtout en été. Il avait cette démarche aisée, cette façon libre de se mouvoir dans des habits flottants qui lui donnaient à certains moments comme un air fort original de jeune homme étranger, soit anglais, soit créole. C’était l’instinct d’un goût très-sûr qui l’invitait à s’habiller de la sorte. Il en tirait une grâce toute personnelle, et moi qui ai connu ses qualités en même temps que ses faiblesses, je ne puis pas dire qu’il y mît beaucoup de prétention, quoiqu’il en fît l’objet d’une réelle étude. Il considérait la composition d’une toilette, le choix des nuances, les proportions d’un habit comme une