Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/133

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le plafond bas des ormeaux. L’une était jeune et remarquablement jolie ; ma très-récente expérience m’avait formé le goût sur ces définitions délicates, et je ne m’y trompais plus. J’observais cette façon légère et contenue de fouler à petits pas le gazon qui s’étendait aux pieds des arbres, comme si elle eût marché sur les laines souples d’un tapis. Elle nous regardait fixement, avec moins de charme que Madeleine, plus de volonté que jamais celle-ci n’eût osé le faire, et, de loin, se préparait par un sourire insolite à répondre au salut d’Olivier. Ce salut fut échangé d’aussi près que possible avec la même grâce un peu négligée ; et dès que la jeune tête blonde et encore souriante eut disparu dans les dentelles de son chapeau, Olivier se tourna vers moi avec un air d’interrogation audacieuse.

« Tu connais madame X… ? » me dit-il.

Il me nommait une personne dont on parlait un peu dans le monde où quelquefois j’accompagnais ma tante. Il n’était que très-naturel qu’Olivier lui eût été présenté, et naïvement je le lui dis.

« Précisément, ajouta-t-il, j’ai dansé un soir de cet hiver avec elle, et depuis… »

Il s’interrompit, et après un silence : « Mon cher Dominique, reprit-il, je n’ai ni père ni mère,