Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/138

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il disait, sur les questions de conduite qui s’agitaient dans son esprit. C’était à peine si je pouvais accepter le premier mot du dessein qu’il entendait poursuivre jusqu’à la pleine satisfaction de son amour-propre ou de son plaisir. Je le voyais toujours aussi calme, libre d’esprit, prompt à tout, avec son aimable visage aux accents un peu froids, ses yeux impertinents pour tous ceux qui n’étaient pas ses amis, et ce sourire rapide et très-séduisant dont il savait faire avec tant d’à-propos tantôt une caresse et tantôt une arme. Il n’était aucunement triste et pas beaucoup plus distrait, même dans les circonstances où, de son propre aveu, son imperturbable confiance avait un peu souffert. Le dépit ne se traduisait chez lui que par une sorte d’irritabilité plus aiguë, et ne faisait pour ainsi dire qu’ajouter un ressort de trempe plus sèche à son audace.

« Si tu crois que je vais me rendre malheureux, tu te trompes, me disait-il à quelque temps de là, dans un de ces moments de courtes hésitations où, comme à plaisir, il donnait à ses paroles une expression d’hostilité méchante. Si elle m’aime un jour, tôt ou tard, ceci n’est rien. Sinon…

— Sinon ? » lui dis-je.

Sans me répondre, il fit tournoyer et siffler au-