Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/150

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j’avais enfin résolu d’entreprendre après ma sortie de province.

« J’apprends, me disait-il, que vous êtes à la tête de votre classe. C’est bien. Ne faites pas fi de pareils avantages. L’émulation au collége est la forme ingénue d’une ambition que vous connaîtrez plus tard. Habituez-vous à garder le premier rang, et tenez-vous-y, afin de n’être jamais satisfait de vous dans la suite, s’il vous arrivait de n’occuper que le second. Surtout ne vous trompez pas de mobile, et ne confondez pas l’orgueil avec le sentiment modeste de ce que vous pouvez. Ne considérez en toutes choses, surtout dans les choses de l’esprit, que l’extrême élévation du but, la distance où vous en êtes et la nécessité d’en approcher le plus possible ; cela vous rendra très-humble et très-fort. L’impossibilité, presque égale pour tous, d’atteindre l’extrémité de certains rêves, vous fera paraître estimable et digne de pitié l’effort que tout homme de bonne foi tentera vers la perfection. Si vous vous en sentez plus près que lui, calculez de nouveau ce qui reste à faire, et vos découragements vaudront mieux au point de vue moral, et vous profiteront plus que vos vanités. »

Au reste, laissez-moi vous rapporter quelques