Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/20

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sans aucune autre relation que l’amitié de mon hôte le docteur ***, fixé depuis quelques années seulement dans le pays. Au moment où nous sortions du village, un chasseur parut en même temps que nous sur un coteau planté de vignes qui borne l’horizon de Villeneuve au levant. Il allait lentement et plutôt en homme qui se promène, escorté de deux grands chiens d’arrêt, un épagneul à poils fauves, un braque à robe noire, qui battaient les vignes autour de lui. C’était ordinairement, je l’ai su depuis, les deux seuls compagnons qu’il admît à le suivre dans ces expéditions presque journalières, où la poursuite du gibier n’était que le prétexte d’un penchant plus vif, le désir de vivre au grand air et surtout le besoin d’y vivre seul.

« Ah ! voici M. Dominique qui chasse, » me dit le docteur en reconnaissant à toute distance l’équipage ordinaire de son voisin. Un peu plus tard, nous l’entendîmes tirer, et le docteur me dit : « Voilà M. Dominique qui tire. » Le chasseur battait à peu près le même terrain que nous et décrivait autour de Villeneuve la même évolution, déterminée d’ailleurs par la direction du vent, qui venait de l’est, et par les remises assez fixes du gibier. Pendant le reste de la journée, nous l’eûmes en vue, et, quoique séparés par plusieurs cents