Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/214

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suppléait presque aux qualités naturelles dont il se savait privé. Sa volonté seule, appuyée sur un rare bon sens, sur une droiture parfaite, sa volonté faisait des miracles. Elle prenait toutes les formes, jusqu’aux plus élevées, jusqu’aux plus nobles, quelquefois jusqu’aux plus brillantes. Il ne sentait pas tout, mais il n’y avait rien qu’il ne comprît. Il approchait ainsi de l’imagination par la tension d’un esprit sans cesse en contact avec ce que le monde des idées contient de meilleur et de plus beau, et touchait au pathétique par la connaissance parfaite des duretés de la vie et par l’ambition dévorante d’en gagner les joies légitimes, fût-ce au prix de beaucoup de combats.

Après avoir à ses débuts abordé le théâtre, pour lequel il ne se jugeait ni assez recommandé ni assez mûr, il s’était jeté dans le journalisme. Quand je dis jeté, le mot n’est pas exact pour un homme qui ne faisait rien à l’étourdie, et qui se présentait sur le champ de bataille avec cette hardiesse mêlée de prudence qui ne risque beaucoup que pour réussir. Plus récemment, il venait d’entrer comme secrétaire dans le cabinet d’un homme politique éminent.

« J’y suis, me disait-il au centre d’un mouvement qui ne m’édifie point, mais qui m’intéresse