Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/219

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et la pensée d’aller feuilleter des livres m’aurait rendu malade de dégoût.

Je me rappelai qu’Olivier devait être au théâtre. Je savais à quel théâtre et dans quelle compagnie. N’ayant plus à me roidir contre une lâcheté de plus, je pris une voiture et m’y fis conduire. Je louai une stalle obscure, d’où j’espérais découvrir Olivier sans être aperçu. Je ne le vis dans aucune des loges qui me faisaient face. J’en conclus ou qu’il avait changé de projet ou qu’il était placé juste au-dessus de moi dans cette autre partie de la salle qui m’était cachée. Ce désir bizarre et indiscret que j’avais eu de le surprendre en partie galante étant déçu, je me demandai ce que j’étais venu faire en pareil lieu. J’y restai cependant, et j’aurais de la peine à vous expliquer pourquoi, tant le désordre de mon esprit se compliquait de chagrin, d’ennuis, de faiblesses et de curiosités perverses. Je plongeais les yeux dans toutes les loges peuplées de femmes ; cela formait, vu d’en bas, une irritante exposition de bustes à peu près sans corsage et de bras nus gantés très-court. J’examinais les chevelures, le teint, les yeux, les sourires ; j’y cherchais des comparaisons persuasives qui pourraient nuire au souvenir si parfait de Madeleine. Je n’avais plus qu’une idée, l’impé-