Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/22

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en plein vol, sembla se précipiter plutôt qu’il ne tomba, et rebondit, avec le bruit d’une bête lourde, sur le terrain durci de la vigne.

C’était un coq de perdrix rouge magnifique, haut en couleur, le bec et les pieds rouges et durs comme du corail, avec des ergots comme un coq et large de poitrail presque autant qu’un poulet bien nourri.

« Monsieur, me dit en s’avançant vers moi M. Dominique, vous m’excuserez d’avoir tiré sur l’arrêt de votre chien ; mais j’ai bien été forcé, je crois, de me substituer à vous pour ne pas perdre une fort belle pièce, assez peu commune en ce pays. Elle vous appartient de droit. Je ne me permettrais pas de vous l’offrir, je vous la rends. »

Il ajouta quelques paroles obligeantes pour me déterminer tout à fait, et j’acceptai l’offre de M. Dominique comme une dette de politesse à payer.

C’était un homme d’apparence encore jeune, quoiqu’il eût alors passé la quarantaine, assez grand, à peau brune, un peu nonchalant de tournure, et dont la physionomie paisible, la parole grave et la tenue réservée, ne manquaient pas d’une certaine élégance sérieuse. Il portait la blouse et les guêtres d’un campagnard chasseur.