Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/223

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pars pour les Trembles, et je t’emmène. Il ne sera pas difficile de les déterminer tous à venir y passer les vacances.

— Aux Trembles avec toi, Madeleine aux Trembles ! reprenait Olivier, dont cette brusque et téméraire décision renversait tous les plans de conduite.

— Cher ami, lui dis-je en me jetant follement dans ses bras, ne me dis rien, n’objecte rien ; je serai sage, je serai prudent, mais je serai heureux ; accorde-moi ces deux mois qui ne reviendront plus, que je ne retrouverai jamais ; c’est bien court, et c’est peut-être tout ce que j’aurai de bonheur dans ma vie. »

Je lui parlai dans l’entraînement d’un désir si vrai, il me vit si ranimé, si transformé par la perspective inattendue de ce voyage, qu’il se laissa séduire, et qu’il eut la faiblesse et la générosité de consentir à tout.

« Soit, dit-il. En définitive, cela vous regarde. Je n’ai pas charge d’âmes, et c’est trop d’avoir à gouverner tout seul deux fous comme toi et moi. »