Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/289

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rentes et des solutions moins vigoureuses. Et comme j’attendais une réponse dans une anxiété qui m’étouffait, elle fit le geste d’un malade épuisé qu’on tourmente en l’entretenant d’affaires trop sérieuses.

« Pourquoi donc êtes-vous venu, me dit-elle, me proposer des choses impossibles ?… Vous me persécutez à plaisir. Allez, mon ami, allez-vous-en, je vous en prie. Je suis souffrante aujourd’hui. Je n’ai pas le premier mot d’un bon conseil à vous donner. Vous savez mieux que moi quelle chance vous offre un pareil parti. Celui que vous prendrez sera le seul raisonnable : l’estime que je vous porte et l’amitié que vous avez pour moi ne me permettent pas d’en douter. »

Je la quittai bouleversé, et je renonçai bientôt à des extrémités sans retour, qui nous eussent séparés pour toujours, quand ni l’un ni l’autre nous n’en avions la volonté. Seulement, je réglai ma conduite en vue d’un détachement lent, continu, qui pouvait peut-être plus tard ramener entre nous des accords plus tièdes et tout pacifier sans trop de sacrifices. Je ne la menaçai plus de ce mot d’oubli, trop désespéré pour être sincère, et qui l’eût fait sourire de pitié, si elle avait eu elle-même un peu de bon sens le jour où je le lui