Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/32

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allaient souper. Il était tard ; nous n’avions plus qu’à regagner Villeneuve. M. Dominique nous fit parcourir l’allée tournante d’un jardin dont les limites se confondaient vaguement avec les arbres du parc, puis une longue terrasse en tonnelle occupant toute la façade de la maison, et à l’extrémité de laquelle on voyait la mer. En passant devant une chambre éclairée, dont la fenêtre était ouverte à l’air tiède de la nuit, j’aperçus la jeune femme à l’écharpe rouge, assise et brodant près de deux lits jumeaux. Nous nous séparâmes à la grille. La lune éclairait en plein la large cour d’honneur, où le mouvement de la ferme ne parvenait plus. Les chiens, las d’une journée de chasse, y dormaient devant leurs niches, la chaîne au cou, étendus à plat sur le sable. Des oiseaux se remuaient dans des massifs de lilas, comme si la grande clarté de la nuit leur eût fait croire à la venue du jour. On n’entendait plus rien du bal interrompu par le souper ; la maison des Trembles et les environs reposaient déjà dans le plus grand silence, et cette absence de tout bruit soulageait du bruit du biniou.

Très-peu de jours après, nous trouvions, en rentrant au logis, deux cartes de M. Dominique de Bray, qui s’était présenté dans la journée pour