Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/375

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tête le susurrement rapide et singulier que font ces oiseaux en volant très-vite. Un coup de fusil retentit. Je vis la lueur de la poudre, et l’explosion m’arrêta court. Un chasseur sortit de sa cachette, descendit vers la mare et se mit à y piétiner ; un autre lui parla. Dans cet échange de paroles brèves dites assez bas, mais que la nuit rendait très-distinctes, je saisis comme un son de voix qui me frappa.

« André ! » criai-je.

Il y eut un silence, après quoi je répétai de nouveau : « André !

— Quoi ? » dit une voix qui ne me laissa plus aucun doute.

André fit quelques pas à ma rencontre. Je le distinguais assez mal, quoiqu’il dépassât de toute la taille la levée obscure. Il avançait lentement, un peu à tâtons, sur ce chemin foulé par des pas d’animaux ; il répétait : « Qui est là ? qui m’appelle ? » avec un émoi croissant, et comme s’il hésitait de moins en moins à reconnaître celui qui l’appelait et qu’il croyait si loin.

« André ! lui dis-je une troisième fois, quand il n’eut plus qu’un ou deux pas à faire.

— Comment ? quoi ?… Ah ! monsieur ! monsieur Dominique ! dit-il en laissant tomber son fusil.