Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/384

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— Et si la chose était vraie ! lui dis-je.

— Je serais disposé à le croire, mais je me tais sur ce point comme sur beaucoup d’autres. Il n’appartient pas à un déserteur de faire fi des innombrables courages qui luttent, là même où il n’a pas su demeurer. D’ailleurs il s’agit de moi, de moi seul, et, pour en finir avec le principal personnage de ce récit, je vous dirai que ma vie commence. Il n’est jamais trop tard, car si une œuvre est longue à faire, un bon exemple est bientôt donné. J’ai le goût et la science de la terre, — mince amour-propre que je vous prie de me pardonner. — Je fertiliserai mes champs mieux que je n’ai fait de mon esprit, à moins de frais, avec moins d’angoisse et plus de rapport, pour le plus grand profit de ceux qui m’entourent. J’ai failli mêler l’inévitable prose de toutes les natures inférieures à des productions qui n’admettaient aucun élément vulgaire. Aujourd’hui, très-heureusement pour les plaisirs d’un esprit qui n’est point usé, il me sera permis d’introduire quelque grain d’imagination dans cette bonne prose de l’agriculture et… »

Il cherchait un mot qui rendît modestement le véritable esprit de sa nouvelle mission.

« Et de la bienfaisance ? lui dis-je.