Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/41

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maison communale. Dominique s’y rendait deux fois par mois pour présider le conseil et de loin en loin pour les mariages. Ce jour-là, il partait avec son écharpe dans sa poche, et la ceignait en entrant dans la salle des séances. Il accompagnait volontiers les formalités légales d’une petite allocution qui produisait d’excellents effets. Il me fut donné de l’entendre à l’époque dont je parle, deux fois de suite dans la même semaine. Les vendanges amènent infailliblement les mariages ; c’est, avec les veillées de carême, la saison de l’année qui rend les garçons entreprenants, attendrit le cœur des filles et fait le plus d’amoureux.

Quant aux distributions de bienfaisance, c’était Mme de Bray qui en avait tout le soin. Elle tenait les clefs de la pharmacie, du linge, du gros bois, des sarments ; les bons de pain, signés du maire, étaient écrits de sa main. Et si elle ajoutait du sien aux libéralités officielles de la commune, personne n’en savait rien ; et les pauvres en recueillaient les bénéfices sans jamais apercevoir la main qui donnait. De vrais pauvres d’ailleurs, grâce à un pareil voisinage, il n’y en avait que très-peu dans la commune. Les ressources de la mer voisine qui venaient en aide à la charité publique, les levées de marais et quelques prairies banales où les plus