Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/60

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près des Trembles et reconnaissaient au second étage, à droite, la chambre qui avait été la sienne, nul assurément ne s’était jamais douté du monde d’idées et de sentiments qui la séparait d’eux.

J’ai parlé des visites que Dominique recevait aux Trembles, et je dois y revenir à cause d’un événement dont je fus en quelque sorte témoin et qui le frappa profondément.

Au nombre des amis qui se réunirent aux Trembles cette année-là et selon l’usage pour fêter la Saint-Hubert, se trouvait un de ses plus anciens camarades, fort riche, et qui vivait retiré, disait-on, sans famille dans un château éloigné d’une douzaine de lieues. On l’appelait d’Orsel. Il était du même âge que Dominique, quoique sa chevelure blonde et son visage presque sans barbe lui donnassent par moments des airs de jeunesse qui pouvaient faire croire à quelques années de moins. C’était un garçon de bonne tournure, très-soigné de tenue, de formes séduisantes et polies, avec je ne sais quel dandysme invétéré dans les gestes, les paroles et l’accent, qui, au milieu d’un certain monde un peu blasé, n’eût pas manqué d’un attrait réel. Il y avait en lui beaucoup de lassitude, ou beaucoup d’indifférence, ou beaucoup d’apprêt. Il aimait la chasse, les chevaux. Après avoir adoré