Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/64

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n’est pas libre, et qu’il est coupable de se refuser à faire le bonheur de quelqu’un quand il le peut.

— Alors vous ne vous marierez jamais ? reprit encore Mme de Bray.

— C’est probable, dit d’Orsel sur un ton beaucoup plus sérieux. Il y a tant de choses que j’aurais dû faire avec moins de dangers pour d’autres et d’appréhensions pour moi-même et que je n’ai pas faites ! Risquer sa vie n’est rien, engager sa liberté, c’est déjà plus grave ; mais épouser la liberté et le bonheur d’une autre !… Il y a quelques années que je réfléchis là-dessus, et la conclusion, c’est que je m’abstiendrai. »

Le soir même de cette conversation, qui mettait en relief une partie des sophismes et des impuissances de M. d’Orsel, celui-ci quitta les Trembles. Il partit à cheval, suivi de son domestique. La nuit était claire et froide.

« Pauvre Olivier ! » dit Dominique en le voyant s’éloigner au galop de chasse dans la direction d’Orsel.

Quelques jours plus tard, un exprès, accouru d’Orsel à toute bride, remit à Dominique une lettre cachetée de noir dont la lecture le bouleversa, lui, si parfaitement maître de ses émotions.

Olivier venait d’éprouver un grave accident. De