Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/81

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teuse, peureux, dépaysé, qui errait tout seul et prenait son vol : c’était l’oiseau du printemps qui nous quittait.

Au dehors, les foins blondissaient prêts à mûrir. Le bois des plus vieux sarments éclatait ; la vigne montrait ses premiers bourgeons. Les blés étaient verts : ils s’étendaient au loin dans la plaine onduleuse, où les sainfoins se teignaient d’amaranthe, où les colzas éblouissaient la vue comme des carrés d’or. Un monde infini d’insectes, de papillons, d’oiseaux agrestes, s’agitait, se multipliait à ce soleil de juin dans une expansion inouïe. Les hirondelles remplissaient l’air, et le soir, quand les martinets avaient fini de se poursuivre avec leur cris aigus, alors les chauve-souris sortaient, et ce bizarre essaim, qui semblait ressuscité par les soirées chaudes, commençait ses rondes nocturnes autour des clochetons. La récolte des foins venue, la vie des campagnes n’était plus qu’une fête. C’était le premier grand travail en commun qui fît sortir les attelages au complet et réunît sur un même point un grand nombre de travailleurs.

J’étais là quand on fauchait, là quand on relevait les fourrages, et je me laissais emmener par les chariots qui revenaient avec leurs immenses