Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/87

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de l’air et le retour alternatif de certaines influences. « Qu’est-ce que cela vous fait ? » me disait-il, lorsqu’il me voyait m’inquiéter du vent. Grâce à une prodigieuse activité dont sa santé ne se ressentait point et qui semblait son naturel élément, il suffisait à tout, à mon travail en même temps qu’au sien. Il me plongeait dans les livres, me les faisait lire et relire, me faisait traduire, analyser, copier, et ne me lâchait en plein air que lorsqu’il me voyait trop étourdi par cette immersion violente dans une mer de mots. J’appris avec lui rapidement et d’ailleurs sans trop d’ennuis tout ce que doit savoir un enfant dont l’avenir n’est pas encore déterminé, mais dont on veut d’abord faire un collégien. Son but était d’abréger mes années de collége en me préparant le plus vite possible aux hautes classes. Quatre années se passèrent de la sorte, au bout desquelles il me jugea prêt à me présenter en seconde. Je vis approcher avec un inconcevable effroi le moment où j’allais quitter les Trembles.

Jamais je n’oublierai les derniers jours qui précédèrent mon départ : ce fut un accès de sensibilité maladive qui n’avait plus aucune apparence de raison ; un vrai malheur ne l’aurait pas développée davantage. L’automne était venu ;