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Page:Fromentin - Les Maîtres d’autrefois, 1877.djvu/249

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Berghem, qu’il eut Salomon Ruysdael pour frère aîné et probablement pour premier conseiller. Quant à ses voyages, on les suppose et l’on en doute : ses cascades, ses lieux montueux, boisés, à coteaux rocheux, donneraient à croire ou qu’il dut étudier en Allemagne, en Suisse, en Norvège, ou qu’il utilisa les études d’Everdingen et s’en inspira. Son grand labeur ne l’enrichit point, et son titre de bourgeois de Harlem ne l’empêcha pas, paraît-il, d’être fort méconnu. On en aurait même la preuve assez navrante, s’il est vrai que, par commisération pour sa détresse plus encore que par égard pour son génie, dont personne ne se doutait guère, on dut l’admettre à l’hôpital de Harlem, sa ville natale, et qu’il y mourut. Mais avant d’en venir là, que lui arriva-t-il ? Eut-il des joies, s’il eut certainement des amertumes ? Sa destinée lui donna-t-elle des occasions d’aimer autre chose que des nuages, et de quoi souffrit-il le plus, s’il a souffert, du tourment de bien peindre ou de vivre ? Toutes ces questions restent sans réponse, et cependant la postérité s’en occupe.

Auriez-vous l’idée d’en demander autant sur Berghem, Karel-Dujardin, Wouwerman, Goyen, Terburg, Metzu, Pierre de Hooch lui-même ? Tous ces peintres brillants ou charmants peignirent, et il semble que ce soit assez. Ruysdael peignit, mais il vécut, et voilà pourquoi il importerait tant de savoir comment il vécut. Je ne con-