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L’Homme à l’Hispano


I

Blanche, magnifique comme une barque royale, mais terrestre et pesée sur ses roues puissantes, l’Hispano recueillait les dernières lueurs du jour sur sa carrosserie aux apparences d’ivoire et d’argent. Pendant trois heures, elle avait traversé la lande, avec une puissance de bolide horizontal. Maintenant elle se reposait. Des enfants, venus pour l’adorer, tournaient avec prudence autour d’elle.

La forêt cernait le village. Partout, — en arrière, en avant, à droite, à gauche, — l’armée profonde des pins, à intervalles réglementaires, en files correctes, en masses concertées, semblait attendre un ordre mystérieux pour se mettre en marche vers la mer. Un grand silence, rythmé de souffles larges, rendait prochains les cris des hiboux. La nuit montait en vagues lourdes et,