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L’HOMME À L’HISPANO

Dehors, l’Hispano avait disparu progressivement dans les ténèbres. Le chauffeur alluma ses feux. Alors, elle rayonna et, devant elle, on vit la route sans fin qui s’en allait vers l’Espagne. Au loin, une autre armée de pins eut l’air d’attendre le combat.

— Je me demande ce que je fais ici ? dit Dewalter.

De la route, son compagnon lui cria :

— Évidemment, tu ne chasses pas encore le buffle. Tu me rends service. Voilà ce que tu fais.

À son tour, il prit place dans la carrosserie somptueuse. Dewalter sourit vaguement, se retint de hausser les épaules et se tut. La nuit, sur la lande mystérieuse, sentait le sel et la résine. Aux dernières maisons du village, le moteur commença le chant de la route. Bientôt, l’allure fut régulière et rythmée comme celle d’un train et, de chaque côté de la machine puissante, dans la direction opposée à la sienne, les arbres semblaient s’enfuir en gardant leurs distances. Le vent de la rapidité hurlait aux oreilles comme un loup. Ils traversèrent Bayonne d’un bond et l’odeur nerveuse de la mer annonça le but du voyage. Ils furent à Biarritz devant l’hôtel du Palais.