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l’homme à l’hispano

sait d’une souffrance. Il voulut l’entendre encore ;

— Vraiment ?

Dans un mouvement de volupté, elle lui tendit ses deux bras. Elle les élevait comme des anses vivantes et ils semblaient chargés de toute sa tendresse. Elle rayonnait. Il prit cette tête admirable dans ses mains et parla en la contemplant :

— Voix délicieuse… Beauté… féerie… mirage… comme je t’aime…

Elle rit d’un rire sain, jeune, et se leva. Coquette, elle sembla jouer d’elle-même ;

— Mirage ?… Mirage ?… Comment, mirage ? J’ai de la réalité, je suppose…

Il lui répondit doucement ;

— Non.

Dans une sorte de pirouette, il s’écarta, Alors elle rit de nouveau :

— Oh ! tu es trop philosophe pour moi. Féerie, je veux bien. Mais mirage !…

Elle pensait avec plaisir à son corps généreux qu’elle ne cessait de lui donner. Elle lui cria ;

— Tu ne sais pas très bien ce que tu dis… Je l’ai déjà remarqué ; tu prends des airs graves savants… Tu dis des mots sans suite…

Il l’interrompit, en clown :

— Toujours, les fous !

Et, tandis qu’elle riait encore, il la ressaisit et la serra de toutes ses forces. Alors elle eut vers lui un élan, un élan extraordinaire qui venait