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l’homme à l’hispano

dans le salon. Alors il donna son nom et dit qu’il était Me Montnormand, notaire.

C’était un petit personnage à l’aspect doux et falot, habillé de vêtements trop larges. Un grand manteau tombait sur ses jambes hésitantes et son col était enveloppé d’un vaste foulard de soie blanche avec des pois noirs. Ses cheveux étaient blancs et soyeux comme ceux d’un vieux musicien. Il portait une barbe courte qui semblait sur ses joues une mousse de savon. Il avait un aspect comique de province, mais son front large et ses yeux remplis de loyauté inspiraient le respect et la sympathie. Avec étonnement, il s’avançait à petits pas dans le salon et regardait alternativement la richesse de l’installation et le valet, implacable dans son habit noir. Enfin, il demanda humblement :

— Vous êtes le domestique de M. Dewalter ?

— Oui, monsieur, répondit l’homme, tout à fait surpris à son tour.

Me Montnormand hésita une seconde et posa une seconde question :

— Est-ce que… avant… vous le connaissiez ?

— Avant quoi, monsieur ?

— Avant d’être son domestique ?

— Non, monsieur…

Il gardait une attitude correcte, habituelle à la livrée, mais les demandes saugrenues du visiteur inspiraient son mépris. Il pensa : « Drôle de notaire ». Montnormand hochait la tête en le