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l’homme à l’hispano

— Je n’espérais pas que vous viendriez.

— Si tu ne l’espérais pas, pourquoi m’as-tu écrit ? répondit Montnormand avec bonté.

— Parce que je l’espérais tout de même !

Ils se regardaient, toujours à quelques pas l’un de l’autre. Le petit notaire hochait sa tête falote. Il murmura, navré :

— En voilà une histoire !

Le visage de Georges parut plus triste encore. Il dit :

— C’est la destinée…

— Oh ! la destinée !… la destinée !

Mais il ajouta, sans y croire, pour le consoler :

— Qui sait, cela va peut-être bien tourner ?

— Non, répondit Dewalter. Elle est partie avant-hier. C’est fini.

Il s’assit sur le premier fauteuil avec une espèce de geste mécanique, et ses yeux ne semblaient plus rien voir que le passé. Il avait l’aspect des gens qu’on a torturés. Montnormand s’approcha de lui et l’embrassa. Les yeux remplis de larmes, il ne le voyait plus bien.

— Vous êtes un brave homme, articula le malheureux d’une voix lente.

— Je t’ai vu tout petit… tout petit… balbutia le notaire.

Il ne savait plus dire autre chose, bouleversé par l’aspect de cette vie ruinée, par cette douleur poignante d’homme. Son vieux cœur idéa-